par | 10 Fév 2017 | Podologie sportive
Le Saint Graal pour bien des coureurs et le nerf de la guerre actuel des marques.
C’est un peu à celle qui aura le plus performant !
Mais à quoi sert-il au juste ? En position statique lorsque l’on essaie une chaussure il est là pour rassurer notre subconscient : « j’ai entendu quelque part que c’était bien pour éviter les problème de dos, de genoux, de machin ». Du coup, on teste la chaussure en général et on pense que l’amorti apporte du confort, mais le confort ne doit être dépendant que de ce que ressent votre pied et qui est « mesurable », c’est-à-dire pour lui de pouvoir être « libre » de ses mouvements afin d’assurer son rôle moteur majeur dans la course.
L’AMORTI, LUBIE OU IMPORTANCE?
Et si pour commencer on parlait un peu de proprioception, ça vous parle ?
C’EST QUOI LA PROPRIOCEPTION ?
Parlons un peu de notre anatomie du pied : 26 os, 16 articulations, 107 ligaments et 20 muscles. Ah oui quand même ! Tout ça dans si peu d’espace, c’est dire l’importance majeure de nos pieds dans notre corps.
Sans entrer dans tous les détails sur la proprioception, cette notion désigne le fait de pouvoir percevoir, de manière consciente ou non, la position des différentes parties de notre corps et comment elles réagissent avec le monde extérieur.
En somme, cela vous permet de mieux appréhender votre environnement et de faire le nécessaire, de manière consciente ou non, afin d’interagir avec lui et de la meilleure des manières pour ne pas traumatiser votre organisme.
Un exemple pour illustrer cela : L’entorse de cheville.
Généralement ces entorses sont dûes à un défaut de proprioception. Le pied tourne, mais les capteurs ne font pas leur boulot, pas de contractions réflexes des fibulaires pour ramener la cheville et c’est donc le ligament qui « déguste » et provoque alors l’entorse.
QUAND TROP DE PROTECTION JOUE UN RÔLE INHIBITEUR
Maintenant que nous savons ce qu’est la proprioception et son rôle, imaginez-vous dans la situation suivante :
Vous portez des gants bien épais toute la journée, pas les petits gants fin avec lesquels il est facile de « percevoir » au travers, de vrai bon GROS gants bien épais et avec lesquels vous ne pouvez rien sentir de ce que vous touchez.
Pensez-vous qu’il vous serait facile de réaliser vos tâches quotidiennes aussi facilement qu’auparavant ? Pensez-vous que les muscles qui composent votre main et qui vous permettent d’attraper, de tenir, de serrer vont continuer de se développer afin de jouer leur rôle de tous les jours ?
Vous voyez un peu la problématique transposée aux pieds ?
AMORTI : QUE NOUS DISENT LES SCIENTIFIQUES !
Alors jetez un petit coup d’œil à ceux que les études scientifiques nous disent sur le sujet de l’amorti.
On a souvent entendu ce genre de phrase :
Il faut un amorti plus performant pour des plus longues distances.
Voici une première étude sur le sujet :
Is your prescription of distance running shoes evidence-based? C E Richards1,2, P J Magin1,R Callister2
Traduction : Est-ce que la recommandation de vos chaussures de course en fonction de la distance est scientifiquement fondée ?
Dans cette étude les chercheurs ont recoupé de très nombreux articles sur le sujet. Voici ce qui en ressort :
La vitesse de force d’impact au sol va engendrer une augmentation des risques de blessures, cependant la capacité de l’amorti d’une chaussure à réduire cette force d’impact ou les blessures est largement remise en doute.
La diminution de la proprioception a été clairement mise en évidence pour les chaussures à fort amorti, et de ce fait notre capacité à amortir un choc d’impact à la course dans des chaussures trop amorties l’est aussi.
Les experts en sont venus à une conclusion unanime : il n’y a aucune évidence scientifique prônant un amorti plus ou moins conséquent en fonction des distances parcourues et afin de prévenir les blessures.
Notre opinion: Un amorti, et dans amorti comprenons également l’épaisseur de semelle, s’il n’est pas trop prononcé, pourra être bénéfique pour ne pas venir trop heurter le pied. Celui qui a finalement le plus besoin de protection c’est lui. Cependant notre pied a aussi besoin de se « remuscler » car il a été habitué à trop de protection et va « devenir flemmard » .
Du coup, un peu d’amorti ne peut pas être négatif, mais trop d’amorti le sera probablement bien plus. Tout cela bien entendu en tenant compte des caractéristiques physiques et médicales du coureur. Une chaussure peu amortie ne pourra pas convenir à toutes les typologies de coureurs, mais ce travail-là c’est nous qui le réaliserons pour vous 😉
2.L’amorti de la chaussure « x » c’est le meilleur.
Encore une étude pour en parler avec pour objectif de montrer quel est l’impact de la dégradation de la chaussure, et donc de l’amorti, sur la foulée.
Running in new and worn shoes: a comparison of three types of cushioning footwear.P W Kong, N G Candelaria, D R Smith
Pour cela, la comparaison de la cinétique et de la cinématique a été réalisé avec des chaussures neuves vs des chaussures usagées. Trois modèles et marques et donc technologies différentes d’amortis ont été utilisés.
Conclusion : A la dégradation de l’amorti, les coureurs modifient leurs habitudes de course afin de maintenir constantes les charges exercés sur leur corps. En somme : Les stratégies d’adaptation à la dégradation de l’amorti de la chaussure ne sont pas affectées par les différents types d’amortis, suggérant que les coureurs devraient choisir leurs chaussures sur d’autres critères que les technologies d’amortis.
Notre opinion : Sujet très marketing sur lequel nous reviendrons dans un futur article. Recommander le changement de chaussure en se basant sur un kilométrage ne parait pas tout à fait fondé. Dans la mesure où le plus important reste notre comportement face à notre impact au contact du sol, un certain tassement de l’amorti nous oblige donc à minimiser cet impact et donc à réduire notre risque de blessures. Bien entendu, dès lors qu’une trop grande usure apparait et que la cinématique de foulée devient traumatisante, alors il convient de changer de chaussures. L’idéal pour ne pas se trouver dépourvu et faire de mauvais choix dans l’urgence ou le stress reste de prévoir une paire de chaussure de « secours » en amont de l’usure totale de l’ancienne paire et cela afin de ne pas connaitre de période de latence entre deux paires.
3. Plus tu es lourd plus il va te falloir un gros amorti.
Nous n’avons pas trouvé les études scientifiques prônant, ou non, le fait que les coureurs lourds ne devraient pas faire de la course à pied . Idem sur le fait qu’un coureur avec un indice de masse corporel élevé doit se chausser de chaussures très amorties, comme cela est souvent recommandé dans les magasins (mais nous sommes preneurs et demandeurs).
Ce que nous savons des risques de blessures liés à la course à pied vient notamment de la vitesse de force d’impact que va imposer un coureur lorsqu’il « atterrit » au sol.
Dans le cas où le coureur est en surpoids, il serait sûrement préférable, si toutefois l’on considère qu’il ne dispose pas d’une pathologie spécifique au pied, mollet ou tendon d’Achille, de faire courir cet utilisateur en chaussures pas trop amorties. Pourquoi cela ? Et bien parce que les modérations de force et vitesse d’impact sont, très généralement, diminuées lorsque l’on ressent davantage le sol. La réaction, naturelle, du corps sera de se protéger au maximum. Comme mentionné dans la vidéo ci-dessous, essayez de courir pieds nus sur des petits cailloux, vous allez chercher à avancer de manière très légère en effleurant le sol pour ne pas vous faire mal aux pieds. Mais en plus des pieds, ce sont toutes vos articulations que vous protégez.
Un « gros amorti » va venir vous faire sentir en confiance et ne pas ressentir les chocs que vous imposez à vos corps. De telle manière, l’acceptation à la douleur va être prolongée jusqu’à arriver au point ou la blessure risque de vous guetter puis de survenir.
Notre opinion : L’amorti joue un rôle surprotecteur du pied. Nous avons appris, à nos dépend malheureusement et via nos expériences personnelles, que l’amorti ne protégeait pas forcément vos genoux, hanches et dos. Un coureur dit « lourd » va avoir besoin de se protéger au maximum, tout comme un autre coureur d’ailleurs, c’est en ce sens qu’un vrai compromis entre peu et trop d’amorti doit être trouvé. En complément, nous ajouterons qu’il est également préférable de pratiquer un sport « porté » tel que le vélo ou la natation en complément du running. Les charges sont moindres. Cependant, des études ont montré qu’un peu de stress appliqué de manière régulière et modérée, impliquait du renforcement squelettique, c’est pourquoi la course à pied n’est pas à proscrire pour un coureur lourd.
FINALEMENT AMORTI OU PAS AMORTI ?
Et bien comme souvent la réponse est plus complexe et ne peut pas être tout ou rien !
Chaque coureur possède un passé propre en tant que coureur, mais également en termes de chaussage de tous les jours. Dire que zéro amorti conviendrait à tout le monde à l’instant « T » serait une erreur. A l’inverse, recommander du gros amorti pourrait être acceptable oour certains et pour d’autre pas du tout.
Un juste milieu doit être trouvé dans la plupart des cas. Selon les profils, l’ancienneté de course, les habitudes de chaussage, bref selon de nombreux facteurs, un amorti plus ou moins important sera conseillé. Le facteur de l’amorti ne peut pas être dissocié d’autres éléments comme par exemple la rigidité, le drop, les contrôles de foulées et de stabilisation. Vous l’aurez compris, tout n’est pas blanc ou noir, et c’est pour celà que nous sommes là pour vous conseiller efficacement et de manière efficace et totalement
Alors toujours aussi convaincu qu’une bonne chaussure , c’est de l’amorti en puissance?
lien original de l’article ICI